Je reviens sur Tinder épisode 3560. Enfin je reviens, je n’avais pas supprimé mon compte, j’étais simplement inactive et j’avais supprimé l’appli de mon écran d’accueil. Rapidement j’ai des matchs, youpi ! Mais comme souvent aucune discussion n’en suit, que je prenne les devants ou pas, sauf avec un mec. Il me parle de la chanson culte que j’ai mise en avant sur mon profil, bon point il a de bonnes références (c’est Things I’ve seen – The Spooks, ceux qui savent savent).

Après un échange musical furtif, il lance véritablement la conversation avec une question sur les vacances : il me demande si j’en ai pris. Je lui dis où j’étais et lui de même, ce à quoi je réponds par une demande de précisions : s’agit-il de destinations de vacances habituelles ou pas ? Il répond bien volontiers mais n’enchaîne pas sur une nouvelle question. Dans ma tête, je fais les comptes : ok il a posé la première question, cependant je viens d’en poser deux là, il s’agirait de renvoyer la balle. Alors certes, multiplier les « et toi ? » serait d’un ennui abyssal, mais je sais pas moi trouve quelque chose non ?! J’accuse réception d’un « ah super ! » ( j’ai honte…) et j’attends qu’il daigne se manifester. Sauf qu’il ne le fait pas. La soirée passe et rien, le lendemain toujours rien. Je suis un peu déçue, ça semblait bien parti, il avait l’air sincèrement gentil et en plus rapophile. Je me dis qu’il pourrait poser une nouvelle question quand même, je me dis aussi que ma dernière intervention n’appelle pas vraiment de réponse. Oui mais lui non plus son message précédent n’est pas spécialement une invitation au dialogue. Alors que faire ? Je ne le sens pas très motivé, c’est peut-être pas plus mal de s’arrêter là alors. Je n’aime pas avoir l’impression d’être la seule à essayer d’établir une connexion.

Oui mais je suis têtue, je veux savoir, surtout je ne veux pas avoir de regrets. Le lendemain fin de matinée, je finis par lui envoyer un nouveau message, une question somme toute assez banale sur son programme du week-end, s’en suit un petit échange équilibré (ndlr : où je n’étais pas la seule à poser des questions) au cours duquel j’apprends qu’il est enseignant, qu’il allait souvent au cinéma mais qu’il a résilié sa carte UGC récemment dans l’attente de conditions plus agréables pour aller au cinéma (nous sommes à l’ère de la mise en place du pass sanitaire). Et moi qui depuis 5 minutes lui raconte que j’ai envie d’aller au ciné, que j’hésite entre deux films et nanani nanana. Comme si c’était pas déjà assez compliqué, il faut aussi que ce satané virus s’incruste jusque dans nos matchs Tinder, au risque de casser l’ambiance. Je le maudis (le virus). Néanmoins, je chéris ma chance d’avoir échappé à un énième débat ou à ne serait-ce qu’un jugement sur le fait que je continue à me rendre au ciné (information qui donne un indice assez clair sur ma place sur l’échiquier des pass et des anti-pass). Non, ici, il s’est intéressé au film que je voulais voir, j’ai cru comprendre qu’il avait regardé la bande-annonce ou du moins lu le synopsis car il a dit qu’il avait l’air chouette. A mon tour, je ne fais pas cas de son acte militant, j’enchaîne en lui demandant s’il se rattrape sur les séries et les documentaires. Il me dit qu’il préfère les documentaires mais que sur Arte il tombe aussi sur de bonnes séries, il cite plusieurs séries (des trucs d’intello), je n’en connais qu’une. Je lui parle d’une série que je viens de commencer (il y a 5 minutes) que je voulais regarder depuis très longtemps mais que j’avais oublié, ça s’appelle 18h30. Il me dit qu’il y jettera un œil ce soir, ce à quoi je réponds : »Tu me diras » et lui de renchérir « bien sûr ».

Depuis, j’ai fini par aller au ciné, j’ai regardé 18h30 en intégralité et j’ai bien aimé, j’ai pas mal scrollé l’écran de mon téléphone pour faire apparaître les notifications, mais je suis toujours sans nouvelles de mon Anti-pass. La faute au pass ou à la flemme de poursuivre avec une meuf qui l’emballe pas tant que ça ? La flemme du dating jeu ? Ou un peu de tout ça ? Pfff il faudrait s’engager à respecter une charte de bonne conduite avant de commencer toutes conversations sur les applis, j’en ai marre du ghosting. Maintenant, j’ai la flemme d’entamer une nouvelle conversation avec un autre mec qui peut-être aura aussi la flemme. La flemme d’affronter la flemme, encore. En attendant, mon cerveau répète en boucle le refrain de J’sais pas plaire de Clara Luciani.